Toponymie de l’imaginaire.
J’ai toujours été fascinée par le pouvoir d’évocation des noms de lieux, et par l’influence qu’ils peuvent avoir sur notre inconscient, notre imaginaire. Ils nous renseignent sur le passé, ils sont de véritables témoignages. En Corse, j’ai grandi au milieu de toponymes évoquant souvent le passé mouvementé de l’île, mais aussi des noms de lieux faisant référence aux croyances, aux superstitions, au sacré. Les animaux y ont également une place importante.
J’ai fait une sélection de lieux, en me limitant à ma région natale. J’ai mené une sorte d’enquête, pour découvrir l’origine de ces noms de lieux. Je me suis rendue sur place, j’ai interrogé et enregistré toutes les personnes de mon entourage connaissant ces lieux, ce qui a souvent donné lieu à des discussions animées. En effet, il existe parfois de nombreuses hypothèses pour un seul et même lieu. Il est difficile de déterminer ce qui appartient aux légendes, et ce qui se base vraiment sur des faits réels.
Ces témoignages apparaissent dans le livre sous forme de dialogues. Certains noms lieux que j’ai choisi d’étudier ne figurent pas sur les cartes. Ils ont été transmis oralement de génération en génération. Il est d’ailleurs difficile de connaître l’orthographe exacte de ces toponymes, puisque ils appartiennent au langage oral. J’ai donc tenu à rendre comte de l’importance de cette oralité. Pour chaque toponyme, j’ai tenté de le réécrire «phonétiquement», de façon à ce que n’importe qui puisse le prononcer correctement, même les personnes ne connaissant rien de la langue corse. J’ai également joué sur la répétition et l’agrandissement des lettres pour permettre au lecteur de bien placer les accents toniques.